Tournoiement (Songe d'opium)
French source:
Armand Renaud
Sur la pointe du gros orteil,
Je tourne, je tourne, je tourne,
À la feuille morte pareil.
Comme à l’instant où l’on trépasse,
La terre, l’océan, l’espace,
Devant mes yeux troublés tout passe,
Jetant une même lueur.
Et ce mouvement circulaire,
Toujours, toujours je l’accélère,
Sans plaisir comme sans colère,
Frissonnant malgré ma sueur.
Dans les antres où l’eau s’enfourne,
Sur les inaccessibles rocs,
Je tourne, je tourne, je tourne,
Sans le moindre souci des chocs.
Dans les forêts, sur les rivages;
À travers les bêtes sauvages
Et leurs émules en ravages,
Les soldats qui vont sabre au poing,
Au milieu des marchés d’esclaves,
Au bord des volcans pleins de laves,
Chez les Mogols et chez les Slaves,
De tourner je ne cesse point.
Soumis aux lois que rien n’ajourne,
Aux lois que suit l’astre en son vol,
Je tourne, je tourne, je tourne,
Mes pieds ne touchent plus le sol.
Je monte au firmament nocturne,
Devant la lune taciturne,
Devant Jupiter et Saturne
Je passe avec un sifflement,
Et je franchis le Capricorne,
Et je m’abîme au gouffre morne
De la nuit complète et sans borne
Où je tourne éternellement.
Delirium
English translation ©
Richard Stokes
I pirouette on my toe,
Spinning, spinning, spinning,
Like a withered leaf.
As at the moment of death,
The earth, the ocean and space
Pass before my clouded eyes,
Radiating the same light.
And as I rotate round and round,
I accelerate,
Devoid of pleasure as of anger,
Shivering despite my sweat.
In caves aflood with foaming waves,
Standing on inaccessible rocks,
Spinning, spinning, spinning
I’ve not the slightest fear of collision.
In the forests and along the coasts,
Surrounded by savage beasts
And their havoc-wreaking rivals,
Soldiers brandishing their swords,
In the centre of slave-markets,
On volcano slopes awash with lava,
In the land of Slavs and Mogols,
I spin and spin unflaggingly.
Adhering to laws that none can defer,
The laws that the sun obeys in its course,
Spinning, spinning, spinning,
My feet no longer touch the ground.
I soar aloft to the starry sky,
I flit right past the silent moon,
Past Jupiter and Saturn,
Whirring on my way.
And I shoot past Capricorn,
And plunge into the dismal abyss
Of absolute and boundless night,
Where I spin and spin eternally.
Tournoiement (Songe d'opium)
French source:
Armand Renaud
Delirium
English source:
Richard Stokes
Sans que nulle part je séjourne,
Without so much as a pause,
Sur la pointe du gros orteil,
I pirouette on my toe,
Je tourne, je tourne, je tourne,
Spinning, spinning, spinning,
À la feuille morte pareil.
Like a withered leaf.
Comme à l’instant où l’on trépasse,
As at the moment of death,
La terre, l’océan, l’espace,
The earth, the ocean and space
Devant mes yeux troublés tout passe,
Pass before my clouded eyes,
Jetant une même lueur.
Radiating the same light.
Et ce mouvement circulaire,
And as I rotate round and round,
Toujours, toujours je l’accélère,
I accelerate,
Sans plaisir comme sans colère,
Devoid of pleasure as of anger,
Frissonnant malgré ma sueur.
Shivering despite my sweat.
Dans les antres où l’eau s’enfourne,
In caves aflood with foaming waves,
Sur les inaccessibles rocs,
Standing on inaccessible rocks,
Je tourne, je tourne, je tourne,
Spinning, spinning, spinning
Sans le moindre souci des chocs.
I’ve not the slightest fear of collision.
Dans les forêts, sur les rivages;
In the forests and along the coasts,
À travers les bêtes sauvages
Surrounded by savage beasts
Et leurs émules en ravages,
And their havoc-wreaking rivals,
Les soldats qui vont sabre au poing,
Soldiers brandishing their swords,
Au milieu des marchés d’esclaves,
In the centre of slave-markets,
Au bord des volcans pleins de laves,
On volcano slopes awash with lava,
Chez les Mogols et chez les Slaves,
In the land of Slavs and Mogols,
De tourner je ne cesse point.
I spin and spin unflaggingly.
Soumis aux lois que rien n’ajourne,
Adhering to laws that none can defer,
Aux lois que suit l’astre en son vol,
The laws that the sun obeys in its course,
Je tourne, je tourne, je tourne,
Spinning, spinning, spinning,
Mes pieds ne touchent plus le sol.
My feet no longer touch the ground.
Je monte au firmament nocturne,
I soar aloft to the starry sky,
Devant la lune taciturne,
I flit right past the silent moon,
Devant Jupiter et Saturne
Past Jupiter and Saturn,
Je passe avec un sifflement,
Whirring on my way.
Et je franchis le Capricorne,
And I shoot past Capricorn,
Et je m’abîme au gouffre morne
And plunge into the dismal abyss
De la nuit complète et sans borne
Of absolute and boundless night,
Où je tourne éternellement.
Where I spin and spin eternally.
Composer
Camille Saint-Saëns
Charles-Camille Saint-Saëns was a French composer, organist, conductor, and pianist of the Romantic era. A musical prodigy, he gave his first concert at only 10 years old, before studying at the Paris Conservatoire. Information from Wikipedia.…
Poet
Performances
Previously performed at:
- 12. Adèle Charvet & Anne Le Bozec: Mélodies on Tour 09 Oct 2021
- 08. Celebrating Saint-Saëns 09 Oct 2021