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Le Chêne et le roseau

by Pauline Viardot

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Text & Translation

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Le Chêne et le roseau
French source: Jean De La Fontaine

Le Chêne un jour dit au roseau :
Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
Le moindre vent qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau,
Vous oblige à baisser la tête :
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphir.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrais de l'orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
La Nature envers vous me semble bien injuste.

Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,

Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin.
Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.

The oak one day said to the Reed:
English translation © George McLean Harper

The oak one day said to the Reed:
You have good cause to rail at partial fate.
You groan beneath a hedge-wren’s trifling weight
A puff of air, a breath indeed,
Which softly wrinkles the water’s face,
Makes you sink down in piteous case;
Whereas my brow, like Alp or Apennine
Reflects the sunset’s radiance divine,
And braves the tempest’s hate.
What I call zephyrs seem north winds to you.
Moreover, in my shelter if you grew,
Under the leaves I generously scatter,
My patronage you would not rue,
When storms do blow and rains do batter.
But you spring up on the frontier
Bordering the showery kingdoms of the wind.
Against you unjust nature sure has sinned.”

“Your pity,” quoth the bulrush in reply,

“Comes from a noble heart. But have no fear:
To dread the winds you have more
cause than I,
Who bend, but break not. Many a year and age
To their terrific rage
You’ve turned a stalwart back;
But not yet is the end.”
Scarce had he spoke
When from the north, with flying rack,
Hurried the wildest storm that ever broke
From winter’s icy fields.
The tree stands firm, the bulrush yields.
The wind with fury takes fresh head,
And casts the monarch roots on high,
Whose lofty brow was neighbour to the sky
And whose feet touched the empire of the dead.

Le Chêne et le roseau
French source: Jean De La Fontaine

The oak one day said to the Reed:
English source: George McLean Harper

Le Chêne un jour dit au roseau :
The oak one day said to the Reed:
Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ;
You have good cause to rail at partial fate.
Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau.
You groan beneath a hedge-wren’s trifling weight
Le moindre vent qui d'aventure
A puff of air, a breath indeed,
Fait rider la face de l'eau,
Which softly wrinkles the water’s face,
Vous oblige à baisser la tête :
Makes you sink down in piteous case;
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Whereas my brow, like Alp or Apennine
Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Reflects the sunset’s radiance divine,
Brave l'effort de la tempête.
And braves the tempest’s hate.
Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphir.
What I call zephyrs seem north winds to you.
Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage
Moreover, in my shelter if you grew,
Dont je couvre le voisinage,
Under the leaves I generously scatter,
Vous n'auriez pas tant à souffrir :
My patronage you would not rue,
Je vous défendrais de l'orage ;
When storms do blow and rains do batter.
Mais vous naissez le plus souvent
But you spring up on the frontier
Sur les humides bords des Royaumes du vent.
Bordering the showery kingdoms of the wind.
La Nature envers vous me semble bien injuste.
Against you unjust nature sure has sinned.”

Votre compassion, lui répondit l'Arbuste,

Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci.
“Your pity,” quoth the bulrush in reply,
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables.
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin.
Comme il disait ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût porté jusque-là dans ses flancs.
L'Arbre tient bon ; le Roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.

Composer

Pauline Viardot

Pauline Viardot, née Garcia (1821-1910) was one of the most remarkable, accomplished musical professionals of the 19th century. Born into a family of music professionals, she wanted to be a pianist, but following the early death of her sister…

Poet

Jean De La Fontaine

Jean de La Fontaine (8 September 1621 – 13 April 1695) was a French fabulist and one of the most widely read French poets of the 17th century. He is known above all for his Fables, which provided a model for subsequent fabulists across Europe and…

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